La saison foot loisirs s’est conclue mardi soir par un match amical opposant le Far à TCL Saint Simon, sur le terrain de la Sarah, dans le cinquième arrondissement de Lyon. A l’issue du match, un grand banquet barbecue était organisé en l’honneur des divinités des transports en commun lyonnais. Rappelons pour la petite histoire que Sainte Sarah, patronne des contrôleurs lyonnais, est cette adolescente de Fourvière qui, en 1977, prise en fraude sur la ligne 30, a été sauvée in extremis d’une amende certaine et apocalyptique par l’apparition dans le ciel d’une vierge moustachue avec une pomme d’Adam proéminente, portant un képi et munie d’un carnet à souche, en qui les contrôleurs reconnurent l’envoyée de leur dieu. Sarah figure dès lors en bonne place dans le Panthéon TCL, et on voit son sourire appareil dentaire dans tous les autels et lieux de culte TCL, aux côtés de Saint Simon, le premier contrôleur de la création qui travailla sur la ligne 1 – Jérusalem-Bethléem – dans les conditions difficiles que l’on sait.

C’était le sixième match du Far contre l’équipe de Saint Simon : sur les cinq premiers, le Far n’avait jamais gagné, ni marqué le moindre but, et les statistiques semblèrent peser dès le début sur le déroulement de la partie. Malgré une première mi-temps plutôt bonne, le Far encaissa un premier but vers la 10ème minute. Ce sera le score à la pause, au cours de laquelle Requin tenta de regonfler les troupes, insistant sur la qualité de la prestation, laissant entendre un renversement de tendance.

Malheureusement, la seconde mi-temps vit Saint Simon prendre le dessus ; un deuxième but, puis un troisième, enfin un quatrième achevèrent une équipe du Far qui ne sut composer avec des adversaires soutenus par les dieux du transport en commun et qui avaient sacrifié des dizaines de pigeons et de moineaux pour s’octroyer la faveur des dieux ; vers la fin du match, Roll quitta le terrain, visiblement énervé, et disparut, ne participant pas au barbecue suivant le match. Comment est-il rentré chez lui ? Faut-il relier sa disparition aux incidents de la nuit dernière relevés dans Le Progrès ? Selon le quotidien lyonnais, on a en effet retrouvé quatre contrôleurs prostrés en position fœtale au terminus du funiculaire de Saint Just qui balbutiaient des supplications incompréhensibles et ne sont toujours pas à l’heure actuelle en état d’expliquer ce qui leur est arrivé. Sans parler de ce bus de la ligne 45 qui a été détourné à peu près au même moment et abandonné dans la rue de Belfort les pneus crevés.

Mais tout cela n’est sans doute que pur hasard. Peut-être Roll fournira t-il quelques explications tout à l’heure au Tasse-Livre lors de l’AG du Far.

Pendant le barbecue, les joueurs du Far partagèrent la chipo/ketchup et le steack/moutarde avec leurs adversaires, dans une ambiance sympathique, tout en essayant d’analyser les raisons de cette ultime défaite : les grands ballons en chandelles, les contrôles qu’on sait pas faire, le ballon qui est jamais au sol, les attaquants qui sont vraiment des branleurs, les défenseurs qui s’emmêlent les pinceaux, le goal qui a les mains trouées, les milieux qui sont jamais au milieu, l’absence de Gui notre n°10 nouveau papa (mabruk ya baba !), celle de Lio retenu depuis si longtemps au symposium international des mariachis de Puerto Valarta, toutes raisons qui expliquent une saison bien moyenne du Far, des interrogations à cogiter durant l’été pour préparer la rentrée et une année plus brillante. Et dans les yeux des joueurs du Far - tandis que sur le barbecue de la Sarah crépitaient les chipolatas et à l’heure où une nouvelle équipe a remporté le titre de champion du Rhône - on pouvait lire le souvenir ému de cette fin juin 2006 où ils ramenèrent la coupe sur la colline, accueillis par une foule croix-roussienne en délire, toutes générations confondues, laissant libre cours à sa joie, le bonheur des rues en liesse, les lampions, nos visages peints sur les murs des immeubles, les statues de Menhir ou de Fred érigés spontanément sur les places des Pentes par des artistes enthousiastes, les albums panini vendus par milliers, les filles aux joues si roses criant nos prénoms et à qui on balançait des paquets de chewing-gums, Gérard Collomb tout bourré, à poil dans la fontaine des Terreaux…

Mais ne vivons pas dans la nostalgie de cette époque glorieuse, profitons de l’été pour soigner nos côtes douloureuses, nos torsions de tétons et nos égos blessés, pour construire le nouvel avenir triomphant du football associatif radical, pour que l’année prochaine rejaillisse la lumière du Far Croix Rousse sur la capitale des Gaules.