L’Empire du milieu
Article mis à jour le 12 octobre 2007

Le Far a (enfin) gagné son premier match cette saison : il aura fallu attendre le 5ème épisode et le premier match officiel pour voir les faricrussiens retrouver les chemins du but. Résultat final contre les Etudiants Chinois de Lyon : 5-1.

Le FAR s’est imposé lundi 8 octobre contre une formation composée d’étudiants chinois triés sur le volet parmi les meilleurs jeunes footballeurs du pays et envoyés à Lyon (« la terre du soleil qui rougeoie sur les usines pharmaceutiques » comme on dit chez eux) pour représenter les couleurs de l’Empire du Milieu. La victoire n’en est que plus belle quand on sait que le nombre d’étudiants en Chine avoisine les 50 millions et que nos jeunes adversaires venus d’Extrême-Orient feront sans doute carrière à leur retour au pays au football-club de Shanghaï ou au Deportivo Hong Kong ; on verra peut-être certains d’entre eux dans l’équipe olympique de Chine des JO de Pékin en juin prochain.

Un triplé de notre buteur FAR Malik, une frappe croisée de Martin qui s’impose à son poste et un lob de crinière de Cheval : les attaquants ont tous marqué. De leur côté les milieux de terrain ont bien balayé le rond central, les joueurs de couloirs ont rasé les lignes de touche et épilé leurs adversaires avec dextérité, les défenseurs ont défoncé et ratissé avec rigueur et notre portero barbu (Chabalito) a fait quelques belles sorties et a gardé le but avec intransigeance (d’ailleurs Mat, si tu pouvais le ramener au prochain match, ce serait cool).

Au commentaire final de l’arbitre Serge (« bon, j’ai sifflé messieurs, là ça veut dire que le match est plié mais en même temps, ouais, si vous voulez, hein, vous pouvez continuer à jouer un peu, bon, ouais, allez, je vous laisse encore trente secondes ») les joueurs du Far ont laissé éclater leur joie et ont effectué un tour de terrain victorieux devant les supporters chinois. Un peu plus tard dans le vestiaire, on pouvait voir une équipe heureuse, de nouveau soudée, des joueurs complices se faisant des petits bisous dans le cou et se savonnant les uns les autres affectueusement comme au bon vieux temps. Oubliés les matchs où ça parle trop, où on s’engueule sur le terrain, où on se fait des réflexions désobligeantes après le match (« c’est plus comme avant, Fred, tu ne regardes plus à gauche », « Kobri, tu ne reviens plus assez, ça ne peut plus continuer ainsi », « Pef, tu peux dribbler 1000 fois une personne, mais tu ne peux pas dribbler une fois 1000 personnes »), où le vestiaire résonnait d’un silence morose de défaite amère, où personne ne voulait prendre les maillots sales.

Le président et les coachs ont tenu à féliciter chaleureusement les joueurs et ont payé leur tournée de Tahiti Douche, qui fut accueillie par des hourras et par un haka en slip improvisé très émouvant.

A l’apéro après le match, nous installons le pique-nique sur le capot de la voiture de Raf (qui demande s’il est possible de mettre au budget l’achat d’une jolie nappe à carreau et qui précise qu’il refuse toujours catégoriquement qu’on fume des bangs sur les sièges à l’arrière). Nous partageons avec nos adversaires nos spécialités locales - Koenigsbächer, Klakos et Kornetos. Nous constatons qu’ils ont fait de gros progrès en français : nous pouvons discuter avec eux dans notre langue, alors que nous serions bien incapables de le faire en chinois. C’est vrai que depuis l’an dernier nous n’avons fait aucun progrès en mandarin, pas plus qu’en cantonnais, ni en tout autre langage de l’Est du Rhône. Pourtant les ancêtres de certains de nos joueurs étaient originaires de ces lointaines terres asiatiques et suite à un long exode il y a de ça des millénaires, s’étaient installés aux abords des marécages du grand fleuve, fondant ainsi Villeurbanne. Le dialecte villeurbannais aurait en effet quelques racines communes avec les langues orientales et un ouvrage collectif récent (Les noms de lieux du Rhône expliqués aux conseillers municipaux, éditions La machine à Café), affirme que les phonèmes « Wi -Li –Ban » veulent dire, en mandarin, « grands nuages effilés sur l’horizon » ou « les valeureux qui apportent l’apéro » ou « on vient direct au stade », selon l’intonation.

Bref tout ça est très loin et nos Villeurbannais, aujourd’hui tout à fait intégré au mode de vie occidental mis à part peut-être les jolis costumes traditionnels colorés qu’ils continuent à revêtir, semblent avoir tout oublié de leurs lointaines origines. Ce qui nous a empêché, dans la cacophonie du match, de comprendre le moindre mot prononcé par nos adversaires. C’est dommage, il aurait été intéressant de savoir comment dire « passe en retrait merde ! » ou « j’ai ! » ou « putain j’étais à gauche, y te suffisait de la pousser, merde, c’est chiant à la fin, arrête d’être perso » en langue chinoise. La direction du FAR demande aux joueurs d’acquérir quelques notions dans la perspective du match retour.

Il est vrai que les joueurs du FAR se sont plutôt familiarisés avec les dialectes parlés par les équipes de l’Ouest du Rhône (Azergui, Craponnois, Mornantwili), ce qui fut nécessaire pour gagner la confiance de ces peuples fiers et ombrageux des forêts du monts du Lyonnais qui n’ont connu la civilisation moderne que très récemment et où les derniers cas de cannibalisme remontent à seulement quelques années.

La prochaine rencontre aura d’ailleurs lieu à Vaugneray le mercredi 18 octobre : ne pas oublier d’amener le petit sac de verroteries et peut-être des armes (on a toujours chez soit une kalachnikoff qui prend la poussière dans un placard, dont on ne se sert plus et qui peut faire plaisir à quelqu’un) car Vaugneray est toujours en guerre contre les tribus de Craponne. Enfin, il faut vraiment retrouver les étuis péniens : c’est qui qui les a lavés la dernière fois ?

P.S. :

Raph précise qu’il se n’agit pas du capot de sa voiture...

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