Près de trois semaines que le FAR n’avait pas joué, plusieurs matchs ayant été annulés au cours du mois de janvier pour des raisons toutes pourries de bras cassés loisirs.

Et même si à l’aller, le FAR s’était imposé 5-1 contre les Etudiants Chinois de Lyon, c’est avec leur humilité légendaire et leur immense modestie que les joueurs rouges et noirs ont abordé ce match retour sur les terres orientales du 7^ème arrondissement. Quelques joueurs essentiels sont absents, réquisitionnés pour participer à la Coupe d’Afrique des clubs loisirs, ainsi Lio (Les Shampouineurs d’Ibrahimeya), Mat (Gériatrik football club de Brazzaville) et Menhir (figure essentielle des Pygmées de l’Oubangui).

Au bord du terrain, les supporters chinois sont comme à leur habitude venus nombreux et leur mascotte, un petit roquet jaune tout pelé, ne cesse d’aboyer.

On ne comprend toujours pas ce que disent nos adversaires sur le terrain mais à l’évidence cela a un rapport avec le positionnement des joueurs, l’éventualité d’une passe en retrait, la supplication pour un centre, le fait de revenir….football, ton langage est universel.

A la mi-temps, le score est de 1 – 0 pour le FAR mais c’est un peu inquiétant. Les joueurs savent qu’ils ne sont pas à l’abri d’un contre. Nos adversaires vont faire le point au vestiaire. Pendant ce temps, Peuf, qui s’est fait déchiqueter une chaussure dans des circonstances non élucidées, demande à un des remplaçants de lui prêter la sienne. Requin accepte civilement. Peuf ajoute : « Et..euh, ils arrêtent pas de tirer sur les vêtements, je crois qu’ils m’ont déchiré mon slip aussi…est-ce que quelqu’un… », mais il ne termine pas sa phrase, ses coéquipiers regardent ailleurs et personne ne semble vouloir relever. Il finit par dire bon, ok, je vais essayer de finir le match comme ça.

En deuxième mi-temps, malgré un ratissage sévère des étudiants chinois, le ballon circule bien, il y a des débordements, des dédoublements, des une-deux voire des une-deux-trois et quelques pas de samba, des transversales, et même des transylvaniens et des transsexuels ce qui est extrêmement rare. Sur le banc en fin de partie, les remplacés du FAR trépignent, guettant les signes de faiblesse de leurs coéquipiers pour revenir sur le terrain…Kobri se prend un méchant coup de pied, semble blessé et Malik relève la tête et s’agite sur la touche, mais c’est une fausse alerte.

Au final, 5-0, une avalanche de buts signés, Cheval, Malik, Gui, Roll et Kobri. Et des passes décisives de Raf, Jérôme, Nico, Pierre. Elles-mêmes rendues possibles par l’action de Fred, Martin, Vinz, Peuf, Cris et Requin. Bref, c’est tout un collectif qui a permis cette belle victoire – la 4ème du FAR en championnat cette année.

Les étudiants chinois n’ont toujours pas compris le principe de l’apéro d’après-match, mais on leur pardonne. Pour le glouglou du guerrier, il faut attendre le Broc et ça fait plaisir, il y a du monde pour accueillir les joueurs croix-roussiens. A l’extérieur du bar, des clients fument sur le trottoir, ainsi va la loi française. Un mec parle très fort à quelqu’un qui s’en fout un peu et dit que de toute façon, il le sait, il finira seul, « Ah ça c’est certain », lui confirme sèchement une femme plutôt bourrée qui vient de sortir du bar. Quelques fumeurs du FAR devisent tranquillement un peu plus loin : « Y’a pas à dire les Chinois, c’est toujours un match un peu spécial » dit Nico et la femme s’approche des joueurs faricrussiens en leur disant « c’est beau ce que vous dîtes, c’est comme de la poésie ». Ca c’est bien vrai.

L’homme du match : Roll, pour la deuxième fois de la saison. A su garder ses buts invaincus, grâce à sa hargne, à ses sorties téméraires et peut-être aussi à sa tenue traditionnelle tchétchène confectionné en peau de chèvre du Caucase qui impressionne toujours les adversaires ; Roll, dont le sang-froid est exemplaire, est également l’auteur d’un doublé sur penalty, cela dans la même minute. On peut regretter que l’arbitre n’ait comptabilisé que le second, prétextant que pour le premier il n’avait pas encore sifflé.