La Journée Finale et autres fragments d’une histoire du FAR

District News n°54, numéro spécial Championnat du Rhône, juin 2012 (extraits) :

...Les Rouges et Noirs du FAR Croix Rousse sont qualifiés pour la journée finale ; premier de leur poule avec 12 victoires, 4 nuls, 2 défaites et des points de fair-play au zénith.

Deux matchs de préparation ont été organisés au cours du mois de juin contre TCL Saint Simon et Colo Colo, deux équipes présentes à la journée finale. Ces deux rencontres ont permis de voir jouer quelques futures recrues : Albert, Ramon, Georges... Deux matchs perdus (3-2, puis 1-0) mais qu’importe, il s’agissait surtout, selon Le Prèze, en déplacement à Doha et joint par téléphone satellite, « de tester des enchaînements et de garder le rythme, au bout d’une saison exemplaire ».

Selon Péto, stratège des Rouges et Noirs, la vraie préparation fut mentale : stage de groupe sur trois jours dans un monastère zen de Haute Provence, lever 5 heures pour aller chercher du bois dans la forêt, plusieurs heures de méditation par jour mais aussi visionnages commentés de matchs mythiques, lecture en chaise longue de la correspondance de Pavel Nedved, et puis au crépuscule juste avant l’apéro, une heure de Jokari acrobatique.

Une équipe qui arrive en tout cas à la Journée Finale avec un moral au beau fixe : le FAR Croix-Rousse aura à coeur de reprendre un trophée déjà conquis de haute lutte en 2006...et de devenir ainsi l’unique équipe aux Deux Etoiles du département.... »

Meyzieu, Serpillère Stadium, 16 juin, 8H42

Eh ben voilà, ils y sont. Le sac sur l’épaule, nonchalants et déterminés, ils se dirigent vers l’entrée du prestigieux Serpillère Stadium de Meyzieu.

C’est la Journée Finale, le rendez-vous des Grands du Rhône, 18 équipes championnes de leur poupoule, des adversaires aussi redoutables que le Deportivo Monchat, l’Olympique de Marcy ou le le Spartak de Feyzin. 18 équipes bien décidées à prendre le titre, à lever la prestigieuse coupe des Kings of the Rhône.

Sur les pelouses autour des terrains, les Rouges et Noirs se préparent. Citons-les tous, tant qu’ils sont là rassemblés, à un grand moment de leur histoire : Burns, Gui, Mat le Riou, Mat le Flamand, Kobri, Flo, Damien, Bess, Raf, David, Yvan, Fredinho et Péto. Les nouveaux maillots rouges collectors leur vont comme des gants. Et puis les numéros dans le dos et sur le coeur l’étoile de la victoire 2006, la grande classe. Regardez-moi ce N°6 taille M, lunettes noires et camel à la bouche.Quel charisme.Et le Fredinho, dans son maillot taille S : on dirait qu’il est né avec. « On y est les gars ! On a 5 matchs de 20 minutes : il faut y aller à fond, direct dans la partie ! »

N°13 taille XL, bonnet péruvien sur la tête et tongues Havania, rajoute : « les gars on se rappelle le fair-play, c’est 5 points on oublie pas, alors des bisous, des bisous et encore des bisous ».

« On demande la minute de silence pour Thierry Roland ? » Demande N°8, taille L, tout en remettant son slip en place.

Faut peut-être pas non plus exagérer, tranche Fredihno.

Déjà, il faut rejoindre le premier terrain : ce sera sur synthétique contre Villeurbanne Asvel. Le FAR gagne ce premier match 2 buts à 1, but de Kobri en renard du synthétique, profitant d’une balle poussive de la défense ralentie par le vent, puis, après une égalisation de l’Asvel, Yvan donne l’avantage au FAR d’une une superbe frappe enroulée qui trouve la lucarne. Le FAR entre bien dans le tournoi. Les deux matchs suivants sont défensifs et se soldent par deux scores nuls : 0-0 puis 1-1, avec une égalisation salvatrice de Gui dans les dernières minutes, ce qui permet au FAR d’arriver à la buvette invaincu.

Le temps s’étire ensuite et se dilate sous le chapiteau blanc, où sont attablés plusieurs dizaines de footballeurs en maillots de toutes les couleurs. Les joueurs du FAR commandent de nombreuses boissons pétillantes et rafraîchissantes mais aussi des petits jaunes avec des glaçons ainsi que des douitches d’où dépassent des merguez fumantes. Ils reçoivent l’appui des valeureux blessés rouges et noirs : Cheucheu (déboîtage du sabot avant-droit), Boris (fracture de chaussure mythique gauche), plus tard Pef ( rupture du sarlicule axial).

Après le repas, tous les joueurs de toutes les équipes sont invités à rejoindre le terrain principal pour la photo du Progrès. Les joueurs du FAR finissent en tas en se jetant des verres de bières dans les cheveux : on sent vraiment une grande cohésion et beaucoup de complicité dans l’équipe. A peine le temps de reprendre une cinquième tournée et les matchs reprennent.

Les matchs de l’après-midi se déroulent sous un soleil écrasant. Des chapiteaux montés à la hâte ont permis d’accueillir les familles des joueurs du Far qui se pressent autour du terrain,une vague de shorts, robes et tee-shirts rouges et noirs criant « David ! » « Péto ! » « Bess ! ». Dans la chaleur caniculaire, le FAR obtient le match nul 0-0 contre les Oranges de Delta Ranger Fighting Football, un match heurté et cadenassé, où le Riou est impérial en dernier rempart du FAR.

Il ne reste qu’un match et il faut absolument conclure sur une victoire. L’arbitre de la rencontre sera le Serge, un arbitre venu du fond des âges, serait-ce un signe ?...Match tendu, indécis....Mais c’est David qui l’arrache ! Lancé par Yvan dans la surface, il enfonce la défense et marque. Le FAR conclue la journée par une victoire 1-0. Bilan : 2 victoires, 3 matchs nuls. A ces points, il faudra ajouter le fairplay...C’est l’heure où les arbitres partent se réunir dans la grande salle des trophées du Serpillière Stadium de Meyzieu pour faire le décompte des points.

A l’extérieur, les joueurs du FAR calculent eux-aussi.

Nous on devrait pas avoir perdu de point de fairplay, non ?

En tout cas le Tronçonneuse FC arrive en tête avec 5 victoires.. Mais ils ont perdu plusieurs points de fair-play à cause d’un méchant coup de tête dans le dos.

Après les délibérations, c’est le président de la fédération qui lance le Final Countdown, égrenant par ordre décroissant les noms des équipes finalistes. Et là tout l’effectif s’est rassemblé, parmi eux, des survivants de la grande époque sont encore là : Gui, Fredihno, Raf et Kobri....5ème TCL Saint Simon...4ème Les Camionneurs Gays de Gerland... 3ème Colo Colo.....Allez, pour Pierre et Cheucheu, les deux autres rescapés de 2006, c’est comme s’ils étaient là, avec nous !....2ème...Boigé Vinal... Et le FAR est champion ! Une explosion de joie secoue le chapiteau ! LE FAR champion du Rhône pour la secooooonde fois ! Les joueurs pourront faire imprimer une seconde étoile sur leurs maillots rouges et noirs, ils pourront enfin re -réclamer un terrain et même maintenant c’est sûr, un Local ! Avec des jakuzis, des masseuses et un Sound System ! Où on pourrait faire des fêtes cumbia ! Le changement c’est maintenant ! Ouais ! Maintenant tout devient possible !

Et c’est une vague délirante et rouge et noire qui s’approche du podium pour soulever la mythique coupe du Rhône Loisir !

Les Histoires de Papi Raf

Et voilà ma chérie, c’est comme ça qu’on a gagné la coupe !

Papi raconte moi comment elle est la coupe du Rhône ? Eh bien tu sais bien, c’est celle qu’il y a dans l’entrée chez moi quand tu viens à la maison, celles avec les deux footballeurs ...

Celle où il manque un canard sauvage ?

Oui tu as raison il en manque un. C’est une histoire terrible, je ne sais pas si....

Allez papi raconte !

Bon, eh bien, le latéral droit du Destroy Football Club....tu sais ce que c’est qu’un latéral droit ?

Ben oui, bien sûr...

Et bien ce latéral droit s’est étouffé avec le canard sauvage en fer blanc...C’était après leur victoire en 2008, un pari stupide.... Les ailes du canard ont perforé son intestin grêle et il est mort roulé en boule dans d’atroces souffrances..

Ouah, c’est horrible !

Ah ben je t’avais dit.

Et qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?

Eh bien, après avoir brandi la coupe, les joueurs sont allés prendre une bonne douche. L’un d’eux était tellement content qu’il s’est mis à faire l’hélicoptère.

Papi, c’est quoi, faire l’hélicoptère ?

Hum...Tu es peut-être un peu jeune. Il est temps de dormir ma petite.

Témoignage de Gui

On était tous chauffés par la journée, les matchs, les binchs, la joie mais il y en avait parmi nous qui avaient particulièrement ramassé. La peau de Damien avait commencé à se craqueler et à gonfler, tendant son Marcel Taille XL. Il avait le teint de plus en plus vert, c’était pas bon signe. C’était juste une question de minutes avant qu’il se transforme en Dulk. L’enthousiasme avait aussi réveillé Hungawa, l’esprit du néolithique qui vient habiter Bess quand il est hyper content. On a pu charger Bess dans une voiture mais Damien, on a dû le sangler sur la galerie.

Témoignage du Flo Il fallait ramener la Coupe à la maison, sur le plateau. On a d’abord été acclamé au balcon de la mairie du 4ème puis on est passé chez Pierre le Fayette, finalement on a fait le parcours des rois, on est passé par le Broc avec la Coupe....et c’est là que le Dulk est devenu incontrôlable.

Conversation interceptée depuis un téléphone mobile sur la terrasse du Broc, 0h54

Je vous dis qu’il mesure environ 1m80 que sa peau est verte et qu’il a de longs cheveux ondulés ! Il a une langue énorme on dirait un lézard ! Je vous en prie, faîtes-vite ! Il s’approche de nous ! Non ! Cours, Stéphanie, cours !....(Crack/Conversation interrompue).

Témoignage du patron du Broc

Après avoir dévasté ma terrasse, je les ai entendu dire qu’ils allaient poursuivre leur équipée sauvage en direction du Gros Caillou....La suite, vous la connaissez...

Ligne de service du commissariat du 4ème arrondissement de Lyon, 17 juin 2012, 3h45

Joël ? Excuse-moi de te réveiller mais tu devrais passer à la Brigade.

A cette heure ? Putain Jean-Marc il est presque 4 heures !

On a ramassé deux mecs sous le Gros Caillou cette nuit, je pense que ça devrait t’intéresser.

Et pourquoi ça ?

Eh bien parce que le premier a une peau couleur vert petit pois et qu’il a déblayé à mains nues plusieurs mètres cubes de terre.

Hein ?

Il dit que c’était pour enterrer une coupe sacrée. L’autre gars, on l’a trouvé au même endroit, presqu’à oualp avec un short en fourrure de grizzly. Il avait une statuette de footballeur dans la bouche. Celui là n’a rien dit – il semble avoir perdu l’usage de la parole.

Bien j’arrive.

Attends une seconde, il y a beaucoup de bruit qui vient de la cellule du premier détenu.... Mais qu’est-ce qu’il fait ? Je crois qu’il essaye de briser les barreaux de la cellule. Non ce n’est pas possible ! Nooooonn ! (Crack. Conversation interrompue)