Le nerf de la guerre, poème épique

• Ils viennent à quinze, un soir d’octobre rouge et noir à Pollionay,
• Débarquent dans un nuage de poussière, descendent de leurs poneys
• Debout en short au bord du monde, ils contemplent le terrain
• Deuxième journée du championnat, ils sont pas venus pour rien
• Derrière, plus loin, la zone contaminée et la route s’arrête là
• Les panneaux indiquent bien Attention demi-tour, n’allez pas au-delà
• Il paraît qu’après, c’est le territoire des dragons à poil blanc
• Des tapirs à manches longues et des sangliers-volants

• Bref : dans la nuit fraîche des chauves souris volent lentement
• S’égayent et tournoient au dessus du Riou,
• Se posent sur sa barre transversale
• Très sympas ces piou-pious
• Qui adressent par ultra sons des encouragements
• A tous les membres de la charnière centrale
• Péto le Jeune contemple son équipe et sort sa tablette numérique
• Il ne joue pas, il s’est blessé lors d’un combat homérique
• Contre IBM, sous sa plante de pied
• Aïe, aïe, aïe un nerf vivace a éclaté,
• Lui si indispensable, quelle tragédie ?
• Non car Péto le Jeune, peut développer sa stratégie
• Footballeur total autant que radical
• Equipé de sa feuille de match interactive format I pad
• Sur l’écran ses joueurs virtuels clignotent, quadrillent le stade
• Les vrais qui courent sont équipés de capteurs
• Photo-sensibles, également récepteurs
• Ainsi Péto envoie par micro-ondes ses instructions et ses conseils
• Flèches vertes ou rouges, Péto le Jeune surveille
• Il appuie sur “On” et la partie s’engage
• Il se dit, c’est fou ce que mes joueurs dégagent
• Ils construisent, ils s’épaulent, sont solidaires
• Ont l’endurance des dromadaires
• Toujours à fond pour le football hebdomadaire
• Dès la quinzième minute, le FAR se donne de l’air
• Boris dans l’axe central trouve l’ouverture
• Détournée par David à l’orée de la surface
• La balle est récupérée par Kobri qui fait face
• Et efface le gardien qui s’avance, qui s’incline

• Un Zéro pour le Far qui poursuit l’offensive,
• Chez les rojo-negro, il y a des joueurs incisifs
• Pierre qui fait son Diego, s’infiltre dans la défense
• Quel talent, quelle percussion ! mais Zeus n’y voit aucune offense
• Flo bute plusieurs fois dans l’antre des six mètres
• Il ne marque pas, c’est incroyable cela ne peut pas être
• Une frappe de Fred détournée au ras du poteau
• Bien fait ! Mais quel gardien, quelle détente se dit Péto
• Les contres adverses vont de Charybde en Cheval
• Se heurtent à Bess ou à Richard et le FAR repart en aval
• La ligne défensive ploie parfois mais ne rompt pas
• Et finalement c’est l’exploit
• 75 minutes que le Far mène au score
• Y faut l’noter, c’est un record,
• L’arbitre siffle, Un Zéro score final
• Ce soir le FAR était vraiment phénoménal
• Et c’est sûrement pour ça que tous se mettent à poil
• Font le tour du terrain, quels pimpins ! mais c’est de bon aloi

• Après le corps à corps, les courses-poursuites, les échappées,
• c’est l’apéro, le repos du guerrier, bon y’a pas de canapés,
• Juste les héros rassemblés, une bière un douitche et ça devise
• Mais aujourd’hui c’est gambas, vérines, pain bio, tomates cerises
• Mojitos, tacos, saumon fumé, là Pierre a complètement craqué
• Cheval lui dit : faut pas aller à Casino mais combien t’as raqué ?
• Jsais pas moi, je me dis qu’au FAR on dépense sans compter
• Regarde tout ce bonheur, comme les gens sont heureux
• Deux cents euros pour l’apéro ? Ben ouais, y faut être généreux
• T’expliqueras ça à Raf, j’espère qu’t’as la facture
• J’voudrais pas m’avancer mais ça sent la bavure
• On verra, on verra, en attendant qui veut du champ’ ?
• Chauds comme la braise et sous les feux de la rampe
• Les joueurs rouges et noirs remplissent leurs flûtes qui moussent
• Et entonnent tous ensemble l’hymne du FAR Croix-Rousse.